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NOM
getrlimit, setrlimit, prlimit - Lire et écrire les limites et utilisations des ressources
SYNOPSIS
#include <sys/time.h> #include <sys/resource.h> int getrlimit(int resource, struct rlimit *rlim); int setrlimit(int resource, const struct rlimit *rlim); int prlimit(pid_t pid, int resource, const struct rlimit *new_limit, struct rlimit *old_limit); Exigences de macros de test de fonctionnalités pour la glibc (consultez feature_test_macros(7)) : prlimit() : _GNU_SOURCE && _FILE_OFFSET_BITS == 64
DESCRIPTION
Les appels système getrlimit() et setrlimit() lisent ou écrivent les limites des ressources système. Chaque ressource a une limite souple et une limite stricte définies par la structure rlimit (l'argument rlim de getrlimit() et setrlimit()) : struct rlimit { rlim_t rlim_cur; /* limite souple */ rlim_t rlim_max; /* limite stricte (plafond de rlim_cur) */ }; La limite souple est la valeur que le noyau prend en compte pour la ressource correspondante. La limite stricte agit comme un plafond pour la limite souple : un processus non privilégié peut seulement modifier sa limite souple dans l'intervalle entre zéro et la limite stricte, et diminuer (de manière irréversible) sa limite stricte. Un processus privilégié (sous Linux : un processus ayant la capacité CAP_SYS_RESOURCE) peut modifier ses deux limites à sa guise. La valeur RLIM_INFINITY indique une limite infinie pour la ressource (aussi bien pour getrlimit() que pour setrlimit()). Le paramètre resource doit être l'un des éléments suivants : RLIMIT_AS Taille maximum de la mémoire virtuelle du processus en octets. Cette limite affecte les appels à brk(2), mmap(2) et mremap(2), qui échouent avec l'erreur ENOMEM en cas de dépassement de cette limite. De même, l'extension de la pile automatique échouera (et générera un SIGSEGV qui tuera le processus si aucune pile alternative n'a été définie par un appel à sigaltstack(2)). Depuis que cette valeur est de type long, sur les machines où le type long est sur 32 bits, soit cette limite est au plus 2 GiB, soit cette ressource est illimitée. RLIMIT_CORE Taille maximum du fichier core. Lorsqu'elle vaut zéro, aucun fichier d'image noyau (Ndt : core dump) n'est créé. Lorsqu'elle ne vaut pas zéro, les fichiers d'image noyau plus grands sont tronqués à cette taille. RLIMIT_CPU Limite de temps CPU en secondes. Si un processus atteint cette limite souple, il reçoit le signal SIGXCPU. L'action par défaut pour ce signal est la terminaison du processus. Mais le signal peut être capturé et le gestionnaire peut rendre le contrôle au programme principal. Si le processus continue à consommer du temps CPU, il recevra SIGXCPU toutes les secondes jusqu'à atteindre la limite stricte, où il recevra SIGKILL. (Ce dernier point décrit le comportement de Linux. Les implémentations varient sur la façon de traiter le processus qui continue à consommer du temps CPU après dépassement de sa limite souple. Les applications portables qui doivent capturer ce signal devraient prévoir une terminaison propre dès la première réception de SIGXCPU.) RLIMIT_DATA Taille maximale du segment de données d'un processus (données initialisées, non initialisées, et tas). Cette limite affecte les appels brk(2) et sbrk(2), qui échouent avec l'erreur ENOMEM si la limite souple est dépassée. RLIMIT_FSIZE Taille maximale d'un fichier que le processus peut créer. Les tentatives d'extension d'un fichier au‐delà de cette limite résultent en un signal SIGXFSZ. Par défaut ce signal termine le processus, mais il peut être capturé, et dans ce cas l'appel système concerné (par exemple write(2), truncate(2)) échoue avec l'erreur EFBIG. RLIMIT_LOCKS (Premiers Linux 2.4 seulement) Une limite sur le nombre combiné de verrous flock(2) et fcntl(2) que le processus peut établir. RLIMIT_MEMLOCK Le nombre maximal d'octets de mémoire virtuelle que le processus peut verrouiller en RAM. En pratique cette limite est arrondie vers le bas au multiple de la taille de page le plus proche. Cette limite affecte mlock(2) et mlockall(2) ainsi que l'opération MAP_LOCKED de mmap(2). Depuis Linux 2.6.9, elle affecte aussi l'opération SHM_LOCK de shmctl(2), où elle limite le nombre total d'octets dans des segments de mémoire partagée (consultez shmget(2)) que l'UID réel du processus appelant peut verrouiller. Les verrous de shmctl(2) SHM_LOCK sont comptés séparément des verrous de mémoire par processus établis par mlock(2), mlockall(2) et mmap(2) MAP_LOCKED ; un processus peut verrouiller des octets jusqu'à la limite dans chacune de ces catégories. Dans les noyaux antérieurs à 2.6.9, cette limite contrôlait la quantité de mémoire qu'un processus privilégié pouvait verrouiller. Depuis Linux 2.6.9, un processus privilégie peut verrouiller autant de mémoire qu'il le souhaite, et cette limite contrôle la quantité de mémoire pouvant être verrouillée par un processus non privilégié. RLIMIT_MSGQUEUE (depuis Linux 2.6.8) Indique la limite du nombre d'octets pouvant être alloués pour les files de messages POSIX pour l'UID réel du processus appelant. Cette limite est appliquée pour mq_open(3). Le nombre d'octets pour chaque file de messages créée par l'utilisateur (jusqu'à sa destruction) est déterminé par la formule suivante : octets = attr.mq_maxmsg * sizeof(struct msg_msg *) + attr.mq_maxmsg * attr.mq_msgsize où attr est la structure mq_attr passée comme quatrième argument à mq_open(3). Le premier terme de la formule, qui inclut sizeof(struct msg_msg *) (4 octets sur Linux/i386) garantit que l'utilisateur ne peut pas créer un nombre illimité de messages vides (ces messages consomment tout de même de la mémoire système). RLIMIT_NICE (depuis Linux 2.6.12, consultez la section BOGUES ci‐dessous) Indique un plafond pour la valeur de politesse du processus pouvant être définie par setpriority(2) ou nice(2). Le plafond réel pour la valeur de politesse est calculé par la formule 20 - rlim_cur. (Cette bizarrerie apparaît car des nombres négatifs ne peuvent pas être utilisés comme limites de ressources, en raison de leur signification souvent particulière. Par exemple, RLIM_INFINITY est souvent la même chose que -1.) RLIMIT_NOFILE Le nombre maximal de descripteurs de fichier qu'un processus peut ouvrir simultanément. Les tentatives d'ouverture (open(2), pipe(2), dup(2), etc) dépassant cette limite renverront l'erreur EMFILE. Historiquement, cette limite était appelée RLIMIT_OFILE sur les BSD. RLIMIT_NPROC Le nombre maximal de processus (ou plus précisément, sous Linux, de threads) qui peuvent être créés pour l'UID réel du processus appelant. Une fois cette limite atteinte, fork(2) échoue avec l'erreur EAGAIN. RLIMIT_RSS Indique la limite (en pages) pour la taille de l'ensemble résident du processus (le nombre de pages de mémoire virtuelle en RAM). Cette limite n'a d'effet que sous Linux 2.4.x où x < 30, et n'affecte que les appels madvise(2) indiquant MADV_WILLNEED. RLIMIT_RTPRIO (depuis Linux 2.6.12, mais consultez BOGUES) Indique un plafond pour la priorité temps‐réel pouvant être appliquée au processus par sched_setscheduler(2) et sched_setparam(2). RLIMIT_RTTIME (depuis Linux 2.6.25) Indique une limite de la quantité de temps (en microsecondes) CPU qu'un processus ordonnancé par une politique d'ordonnancement temps réel peut consommer sans bloquer lors de l'exécution d'un appel système. À cause de cette limite le décompte du temps CPU qu'il a consommé est remis à zéro à chaque fois qu'un processus exécute un appel système bloquant. Le décompte du temps CPU n'est pas remis à zéro si le processus continue d'essayer d'utiliser le CPU mais est préempté, ou si sa tranche de temps expire, ou s'il appelle sched_yield(2). Quand la limite douce est atteinte, un signal SIGXCPU est envoyé au processus. Si le processus attrape ou ignore ce signal et continue à consommer du temps CPU, alors un signal SIGXCPU sera généré une fois par seconde jusqu'à ce que la limite dure soit atteinte, ce qui provoque l'envoie d'un signal SIGKILL au processus. L'objectif de cette limite est d'empêcher un processus temps réel fou de bloquer le système. RLIMIT_SIGPENDING (depuis Linux 2.6.8) Spécifie la limite du nombre de signaux pouvant être mis en attente pour l'identifiant utilisateur réel du processus appelant. La vérification de cette limite prend en compte à la fois les signaux classiques et les signaux temps‐réel. Cependant, cette limite n'est appliquée que pour sigqueue(3) ; il est toujours possible d'utiliser kill(2) pour mettre en attente une instance de tout signal qui n'est pas déjà en attente pour le processus. RLIMIT_STACK La taille maximale de la pile du processus, en octets. Une fois cette limite atteinte, un signal SIGSEGV est déclenché. Pour gérer ce signal, le processus doit utiliser une pile spécifique pour signaux (sigaltstack(2)). Depuis Linux 2.6.23, cette limite détermine également la quantité d'espace utilisé pour les paramètres et les variables d'environnement du processus ; consultez execve(2) pour plus de détails. prlimit() L'appel système prlimit() spécifique à Linux combine et étend les fonctionnalités de setrlimit() et getrlimit(). Il peut être utilisé pour affecter ou récupérer les limites de ressources de tout processus. Le paramètre resource a le même sens que dans setrlimit() et getrlimit(). Si le paramètre new_limit ne vaut pas NULL, alors la structure rlimit vers laquelle il pointe est utilisée pour affecter de nouvelles valeurs aux limites souples et strictes pour resource. Si le paramètres old_limit ne vaut pas NULL, alors un appel à prlimit() qui réussit place les limites antérieures souples et strictes pour resource dans la structure rlimit pointée par old_limit. L'argument pid spécifie l'identifiant du processus sur lequel l'appel agit. Si pid vaut 0, alors l'appel s'applique au processus appelant. Pour positionner ou interroger les ressources d'un processus autre que lui-même, soit l'appelant a la capacité CAP_SYS_RESOURCE, soit les identifiants d'utilisateur réel et effectif et le set-UID sauvé du processus cible correspond à l'identifiant d'utilisateur réel de l'appelant et les identifiants de groupe réel et effectif et le set-GID sauvé du processus cible correspond à l'identifiant de groupe réel du processus.
VALEUR RENVOYÉE
Ces appels système renvoient 0 en cas de succès, ou -1 en cas d'échec, auquel cas errno contient le code d'erreur.
ERREURS
EFAULT L'un des arguments pointe en‐dehors de l'espace d'adressage accessible. EINVAL La valeur spécifiée dans resource n'est pas valide ; ou, pour setrlimit() ou prlimit(), rlim->rlim_cur est plus grand que rlim->rlim_max. EPERM Un processus non privilégié a essayé d'augmenter la limite stricte ; la capacité CAP_SYS_RESOURCE est nécessaire pour pouvoir faire cela. Ou le processus a essayé d'augmenter la limite stricte RLIMIT_NOFILE au‐dessus du maximum (NR_OPEN) du noyau actuel. Ou alors le processus appelant n'avait pas la permission de changer les limites du processus spécifié par pid. ESRCH Impossible de trouver un processus dont l'identifiant est indiqué par pid.
VERSIONS
L'appel système prlimit() est disponible depuis Linux 2.6.36 ; la prise en charge dans la glibc est disponible depuis la version 2.13.
CONFORMITÉ
getrlimit(), setrlimit() : SVr4, BSD 4.3, POSIX.1-2001. prlimit() : spécifique à Linux. RLIMIT_MEMLOCK et RLIMIT_NPROC proviennent de BSD et ne sont pas définis dans POSIX.1-2001 ; ils sont présents dans les BSD et Linux, mais dans peu d'autres implémentations. RLIMIT_RSS vient de BSD et n'est pas défini dans POSIX.1-2001 ; cependant, il est présent sur la plupart des implémentations. RLIMIT_MSGQUEUE, RLIMIT_NICE, RLIMIT_RTPRIO, RLIMIT_RTTIME et RLIMIT_SIGPENDING sont spécifiques à Linux.
NOTES
Un processus fils créé avec fork(2) hérite des limites de ressource de son père. Les limites de ressource sont préservées à travers un execve(2). Descendre la limite souple d'une ressource en dessous de l'actuelle utilisation par le processus de cette ressource fonctionne (mais cela empêchera le processus d'augmenter ultérieurement sa consommation de cette ressource). On peut définir les limites de ressources de l'interpréteur de commandes en utilisant la commande interne ulimit (limit dans csh(1)). Les limites de ressources de l'interpréteur de commandes sont héritées par les processus qu'il crée pour exécuter les commandes. À partir de Linux 2.6.24, les limites de ressource de n'importe quel processus peuvent être examinées en consultant /proc/[pid]/limits ; consultez proc(5). Des systèmes anciens fournissent une fonction vlimit() qui remplit le même rôle que setrlimit(). Pour des raisons de compatibilité ascendante, la glibc fournit aussi une fonction vlimit(), mais toutes les nouvelles applications devraient utiliser setrlimit().
BOGUES
Dans les noyaux Linux plus anciens, les signaux SIGXCPU et SIGKILL envoyés lorsqu'un processus dépassait les limites souple et stricte pour RLIMIT_CPU étaient envoyés une seconde (CPU) plus tard qu'ils n'auraient dû l'être. Cela a été corrigé dans le noyau 2.6.8. Dans les noyaux de la série 2.6 antérieurs à 2.6.17, une limite RLIMIT_CPU à 0 est interprétée par erreur comme « pas de limite » (comme RLIM_INFINITY). Depuis Linux 2.6.17, définir la limite à 0 a un effet, mais la limite est en fait d'une seconde. En raison d'un bogue du noyau, RLIMIT_RTPRIO ne marche pas dans le noyau 2.6.12 ; le problème a été corrigé dans le noyau 2.6.13. Dans le noyau 2.6.12, il y avait une différence de 1 entre les valeurs de priorité renvoyées par getpriority(2) et RLIMIT_NICE. Du coup, la limite réelle pour la valeur de politesse était calculée comme 19 - rlim_cur. Ceci est corrigé depuis le noyau 2.6.13. A partir de Linux 2.6.12, si un processus atteint sa limite souple RLIMIT_CPU et qu'il dispose d'un gestionnaire pour SIGXCPU, alors en plus d'invoquer le gestionnaire de signal, le noyau augmente la limite souple d'une seconde. Ce comportement se répète si le processus continue de consommer du temps processeur, jusqu'à ce que la limite stricte soit atteinte, auquel cas le processus est tué. D'autres implémentations ne modifient pas la limite souple RLIMIT_CPU de cette façon, et le comportement de Linux n'est alors probablement pas conforme aux standards ; pour cette raison, les applications portables doivent éviter de tabler sur ce comportement. La limite propre à Linux RLIMIT_RTTIME se comporte de façon analogue lorsque la limite souple est atteinte. Les noyaux antérieurs à 2.4.22 ne détectaient pas l'erreur EINVAL pour setrlimit() quand rlim->rlim_cur était plus grand que rlim->rlim_max.
EXEMPLE
Le programme ci-dessous démontre l'utilisation de prlimit(). #define _GNU_SOURCE #define _FILE_OFFSET_BITS 64 #include <stdio.h> #include <time.h> #include <stdlib.h> #include <unistd.h> #include <sys/resource.h> #define errExit(msg) do { perror(msg); exit(EXIT_FAILURE); \ } while (0) int main(int argc, char *argv[]) { struct rlimit old, new; struct rlimit *newp; pid_t pid; if (!(argc == 2 || argc == 4)) { fprintf(stderr, "Usage: %s <pid> [<nouvelle-limite-souple> " "<nouvelle-limite-stricte>]\n", argv[0]); exit(EXIT_FAILURE); } pid = atoi(argv[1]); /* PID du processus cible */ newp = NULL; if (argc == 4) { new.rlim_cur = atoi(argv[2]); new.rlim_max = atoi(argv[3]); newp = &new; } /* Définir la limite de temps CPU du processus cible ; récupérer et afficher la limite de temps CPU antérieure */ if (prlimit(pid, RLIMIT_CPU, newp, &old) == -1) errExit("prlimit-1"); printf("Limites précédentes : souple=%lld; stricte=%lld\n", (long long) old.rlim_cur, (long long) old.rlim_max); /* Récupérer et afficher la nouvelle limite de temps CPU */ if (prlimit(pid, RLIMIT_CPU, NULL, &old) == -1) errExit("prlimit-2"); printf("Nouvelles limites: souple=%lld; stricte=%lld\n", (long long) old.rlim_cur, (long long) old.rlim_max); exit(EXIT_FAILURE); }
VOIR AUSSI
prlimit(1), dup(2), fcntl(2), fork(2), getrusage(2), mlock(2), mmap(2), open(2), quotactl(2), sbrk(2), shmctl(2), malloc(3), sigqueue(3), ulimit(3), core(5), capabilities(7), signal(7)
COLOPHON
Cette page fait partie de la publication 3.65 du projet man-pages Linux. Une description du projet et des instructions pour signaler des anomalies peuvent être trouvées à l'adresse http://www.kernel.org/doc/man-pages/.
TRADUCTION
Depuis 2010, cette traduction est maintenue à l'aide de l'outil po4a <http://po4a.alioth.debian.org/> par l'équipe de traduction francophone au sein du projet perkamon <http://perkamon.alioth.debian.org/>. Christophe Blaess <http://www.blaess.fr/christophe/> (1996-2003), Alain Portal <http://manpagesfr.free.fr/> (2003-2006). Julien Cristau et l'équipe francophone de traduction de Debian (2006-2009). Veuillez signaler toute erreur de traduction en écrivant à <debian-l10n-french@lists.debian.org> ou par un rapport de bogue sur le paquet manpages-fr. Vous pouvez toujours avoir accès à la version anglaise de ce document en utilisant la commande « man -L C <section> <page_de_man> ».