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NOM

       execve - Exécuter un programme

BIBLIOTHÈQUE

       Bibliothèque C standard (libc, -lc)

SYNOPSIS

       #include <unistd.h>

       int execve(const char *pathname, char *const _Nullable argv[],
                  char *const _Nullable envp[]);

DESCRIPTION

       execve()  exécute  le  programme  auquel renvoie pathname. Il s'ensuit que le programme en
       cours d'exécution par le processus appelant sera remplacé par un nouveau  programme,  avec
       une  pile  et  un tas nouvellement initialisés, et des segments de données (initialisés et
       non initialisés)

       pathname doit être soit un exécutable binaire, soit un script qui commence par  une  ligne
       sous la forme :

           #!interpréteur [argument-optionnel]

       Pour des détails sur ce dernier cas, consultez « Scripts d’interpréteur » ci‐dessous.

       argv  est  un  tableau  de pointeurs vers des chaînes passées au nouveau programme en tant
       qu'arguments de la ligne de commande. Par convention, la première de ces chaînes (à savoir
       argv[0])  devrait  contenir le nom de fichier associé au fichier étant exécuté. Le tableau
       argv doit se terminer par un pointeur NULL (ainsi, dans le nouveau  programme,  argv[argc]
       vaudra NULL).

       envp  est  un  tableau  de  pointeurs  vers  des  chaînes,  ayant  par convention la forme
       clé=valeur, qui sont passés au nouveau programme en tant qu'environnement. Le tableau envp
       dois se terminer par un pointeur NULL.

       Cette  page  de  manuel  décrit  l'appel  système  Linux  en détail ; pour un aperçu de la
       nomenclature et des nombreuses variantes, souvent préférables et  standardisées  de  cette
       fonction,  fournies  par  la libc, dont celles qui recherchent la variable d'environnement
       PATH, voir exec(3).

       Le vecteur d'argument et l'environnement sont accessibles  à  la  fonction  principale  du
       nouveau programme quand elle est définie ainsi :

           int main(int argc, char *argv[], char *envp[])

       Notez,  cependant,  que  l'utilisation d'un troisième argument dans la fonction principale
       n'est pas spécifiée dans POSIX.1, selon laquelle l'environnement doit être accessible  par
       la variable externe environ(7).

       En  cas  de  réussite,  execve()  ne  renvoie  rien  et les segments de texte, les données
       initialisées et non initialisées (« bss »), ainsi que la pile du processus  appelant  sont
       remplacés par ceux du programme chargé.

       Si  l'on effectuait un ptrace(2) sur le programme actuel, un signal SIGTRAP lui est envoyé
       après la réussite de execve().

       Si le bit set-user-ID est positionné sur le fichier du programme auquel renvoie  pathname,
       l'ID  de  l'utilisateur  effectif  du  processus appelant passe à celui du propriétaire du
       programme. De même,  lorsque  le  bit  set-group-ID  est  positionné  sur  le  fichier  du
       programme,  l'ID  du groupe effectif du processus appelant est modifié pour correspondre à
       celui du groupe du fichier.

       Les transformations précitées des ID effectifs ne sont pas  effectuées  (c'est-à-dire  que
       les bits set-user-ID et set-group-ID sont ignorés) si un des éléments suivants est vrai :

       •  l'attribut no_new_privs est défini pour le thread appelant (voir prctl(2)) ;

       •  le  système  de  fichiers  sous-jacent  est  monté  en  nosuid (le drapeau MS_NOSUID de
          mount(2)) ;

       •  ou un ptrace va être appliqué au processus appelant.

       Les capacités du fichier du programme (voir capabilities(7)) sont également ignorées si un
       des éléments ci-dessus est vrai.

       L'UID effectif du processus est copié dans le set-user-ID sauvegardé ; de la même manière,
       le GID effectif est copié dans le set-group-ID sauvegardé. Ces copies ont lieu après toute
       modification d'ID effectif à cause des bits de permission set-user-ID et set-group-ID.

       L'UID  et  le GID réel du processus ainsi que ses ID de groupe complémentaires ne sont pas
       modifiés par un appel à execve().

       Si l'exécutable est un fichier binaire a.out lié dynamiquement, et  contenant  des  appels
       aux bibliothèques partagées, l'éditeur de liens dynamiques de Linux ld.so(8) est appelé au
       début de l'exécution, afin de charger les bibliothèques partagées nécessaires  en  mémoire
       et d'effectuer l'édition des liens de l'exécutable avec eux.

       Si  l'exécutable  est  au  format  ELF  lié  dynamiquement, l'interpréteur indiqué dans le
       segment PT_INTERP sera invoqué pour charger les bibliothèques partagées. Cet  interpréteur
       est  généralement  /lib/ld-linux.so.2  pour les fichiers binaires liés avec la glibc (voir
       ld-linux.so(8)).

   Effets sur les attributs de processus
       Tous les attributs de processus sont préservés  lors  d'un  execve(),  à  l'exception  des
       suivants :

       •  Les signaux pour lesquels le processus avait placé un gestionnaire sont réinitialisés à
          leur valeur par défaut (consultez signal(7)).

       •  L'éventuelle pile spécifique pour les  gestionnaires  de  signal  n'est  pas  conservée
          (sigaltstack(2)).

       •  Les projections en mémoire ne sont pas conservées (mmap(2)).

       •  Les segments de mémoire partagée System V sont détachés (shmat(2)).

       •  Les objets de mémoire partagée POSIX sont supprimés (shm_open(3)).

       •  Les descripteurs de files de messages POSIX ouverts sont fermés (mq_overview(7)).

       •  Les sémaphores nommés POSIX ouverts sont fermés (sem_overview(7)).

       •  Les temporisations POSIX ne sont pas conservées (timer_create(2)).

       •  Les flux de répertoires ouverts sont fermés (opendir(3)).

       •  Les verrouillages de mémoire ne sont pas préservés (mlock(2), mlockall(2)).

       •  Les gestionnaires de terminaison ne sont pas préservés (atexit(3), on_exit(3)).

       •  L'environnement  de  travail  en  virgule flottante est réinitialisé à celui par défaut
          (consultez fenv(3)).

       Les attributs de processus listés ci-dessus sont spécifiés dans POSIX.1. Les attributs  de
       processus spécifiques à Linux suivants sont également réinitialisés lors d'un execve() :

       •  L'attribut  « dumpable »  du  processus  est  positionné  sur  la  valeur 1, sauf si un
          programme set-user-ID, set-group-ID ou en ayant les capacités est exécuté,  auquel  cas
          l'attribut   dumpable   peut,   au  contraire,  être  réinitialisé  à  la  valeur  dans
          /proc/sys/fs/suid_dumpable, dans les circonstances décrites sous  PR_SET_DUMPABLE  dans
          prctl(2).  Remarquez que les modifications d'un attribut « dumpable » peuvent entraîner
          le passage du  propriétaire  des  fichiers  du  répertoire  /proc/pid  du  processus  à
          root:root, comme décrit dans proc(5).

       •  L'attribut PR_SET_KEEPCAPS de prctl(2) est effacé.

       •  (Depuis  Linux  2.4.36 ou  2.6.23)  Si  un  programme  set-user-ID  ou set-group-ID est
          exécuté, alors le signal de mort de son parent défini par  l'attribut  PR_SET_PDEATHSIG
          de prctl(2) est effacé.

       •  Le  nom du processus, positionné par prctl(2) PR_SET_NAME (et affiché avec ps -o comm),
          est réinitialisé avec le nom du nouvel exécutable.

       •  L'attribut securebits de SECBIT_KEEP_CAPS est effacé. Consultez capabilities(7).

       •  Le signal de terminaison est réinitialisé à SIGCHLD (consultez clone(2)).

       •  La table des descripteurs de fichier n'est pas partagée, ce qui annule  les  effets  de
          l'attribut CLONE_FILES de clone(2).

       Notez également les points suivants :

       •  Tous les threads autres que l'appelant sont détruits lors d'un execve(). Les mutex, les
          variables de condition, et les autres objets de pthreads sont détruits.

       •  L'équivalent de setlocale(LC_ALL, "C") est exécuté au démarrage du programme.

       •  POSIX.1 indique que les actions pour les signaux ignorés ou  placés  à  la  valeur  par
          défaut  ne  sont pas modifiées. Une exception est néanmoins spécifiée dans POSIX.1 : si
          SIGCHLD est ignoré, l'implémentation peut laisser l'action inchangée ou la  replacer  à
          la valeur par défaut ; Linux ne modifie pas l'action.

       •  Toutes   les   opérations  d'E/S  asynchrones  en  cours  sont  annulées  (aio_read(3),
          aio_write(3)).

       •  Pour le traitement des capacités lors d'un execve(), consultez capabilities(7).

       •  Par défaut, les descripteurs de fichier restent ouverts au travers d'un  execve().  Les
          descripteurs marqués close-on-exec sont fermés ; consultez la description de FD_CLOEXEC
          dans fcntl(2). (Si un descripteur de fichier est fermé, cela  cause  la  libération  de
          tous  les  verrous  d'enregistrement  obtenus  sur  le  fichier  correspondant  par  ce
          processus.  Consultez  fcntl(2)  pour  les  détails.)  POSIX.1  indique  que   si   les
          descripteurs  de  fichiers  0, 1 et 2 devaient être fermés après un execve() réussi, et
          que le processus devient privilégié en raison d'un bit set-user-ID ou set-group-ID  sur
          le  fichier  exécuté,  le système peut ouvrir un fichier non indiqué pour chacun de ces
          descripteurs. En  général,  aucun  programme  portable,  privilégié  ou  pas,  ne  peut
          considérer que ces trois descripteurs resteront fermés après un execve().

   Scripts d’interpréteur
       Un script d’interpréteur est un fichier textuel dont le bit d'exécution est activé et dont
       la première ligne est de la forme :

           #!interpréteur [argument-optionnel]

       L’interpréteur doit être le chemin valable d'un fichier exécutable.

       Si l'argument pathname de execve()  indique  un  script  interprété,  l'interpréteur  sera
       appelé avec les arguments suivants :

           interpréteur [argument-optionnel] pathname arg...

       où  pathname  est  le chemin du fichier indiqué en premier argument de execve(), et arg...
       est la série de mots vers lesquels  pointe  l'argument  argv  de  execve(),  à  partir  de
       argv[1]. Remarquez qu'il n'y a aucune manière d'obtenir argv[0] passé à l'appel execve().

       Pour  être  portable,  argument-optionnel  doit  soit  être  absent, soit être un seul mot
       (c'est‐à‐dire ne pas contenir d'espace) ; consultez les NOTES ci‐dessous.

       Depuis Linux 2.6.28, le noyau autorise l'interpréteur de script à être lui-même un script.
       Cette  autorisation  est  récursive jusqu'à quatre niveaux, pour qu'un interpréteur puisse
       être interprété par un script qui est interprété par un script, et ainsi de suite.

   Limites sur la taille des paramètres et d'environnement
       La plupart des implémentations UNIX imposent des limites sur la taille totale des  chaînes
       des paramètres des lignes de commande (argv) et de l'environnement (envp) qui peuvent être
       passées à un nouveau programme. POSIX.1  permet  à  une  implémentation  d'annoncer  cette
       limite  en utilisant la constante ARG_MAX (soit définie dans <limits.h>, soit disponible à
       l'exécution en utilisant l'appel sysconf(_SC_ARG_MAX)).

       Avant Linux 2.6.23, la mémoire utilisée  pour  stocker  les  chaînes  d'environnements  et
       d'arguments  était  limitée à 32 pages (définie par la constante noyau MAX_ARG_PAGES). Sur
       les architectures dont la taille de page est 4 Ko, cela donne un maximum de 128 Ko.

       Sur Linux 2.6.23 et ultérieurs, la plupart des architectures  ont  une  limite  de  taille
       dérivée de la limite de ressources souple RLIMIT_STACK (consultez getrlimit(2)) qui est en
       vigueur au moment de l'appel à execve() (ce n'est pas le cas pour les  architectures  sans
       unité   de   gestion  mémoire :  elles  conservent  la  limite  des  noyaux  antérieurs  à
       Linux 2.6.23). Ce changement permet aux programmes d'avoir une liste de paramètres  ou  un
       environnement  beaucoup plus grand. Pour ces architectures, la taille totale est limitée à
       1/4 de la taille de pile permise (imposer une  limite  de  1/4  permet  d'assurer  que  le
       nouveau programme garde de l'espace pour la pile). De plus, la taille totale est limitée à
       3/4 de la valeur de la constante _STK_LIM du noyau (8 Mio). Depuis Linux 2.6.25, le  noyau
       place  une limite inférieure de 32 pages à cette limite de taille, de telle sorte que même
       si RLIMIT_STACK est très faible, il est garanti aux applications qu'elles auront au  moins
       autant  de  place  pour  les  paramètres et leur environnement que ce qui était fourni par
       Linux 2.6.23 et les précédents (cette garantie n'était pas présente dans  Linux 2.6.23  et
       2.6.24).   De   plus,   la  limite  par  chaîne  est  de  32  pages  (la  constante  noyau
       MAX_ARG_STRLEN), et le nombre maximal de chaînes est de 0x7FFFFFFF.

VALEUR RENVOYÉE

       En cas de réussite, execve() ne renvoie rien, en cas d'échec il renvoie -1  et  errno  est
       positionné pour indiquer l'erreur.

ERREURS

       E2BIG  Le nombre total d'octets dans l'environnement (envp) et la liste d'arguments (argv)
              est trop grande.

       EACCES Le droit de parcours est refusé  pour  un  des  composants  du  préfixe  du  chemin
              pathname    ou    du   nom   d'un   interpréteur   de   script   (consultez   aussi
              path_resolution(7)).

       EACCES Le fichier ou l'interpréteur de script n'est pas un fichier régulier.

       EACCES L'autorisation d'exécution est refusée pour  le  fichier,  ou  un  interpréteur  de
              script, ou un interpréteur ELF.

       EACCES Le système de fichiers est monté avec l'option noexec.

       EAGAIN (depuis Linux 3.1)
              Ayant  modifié son UID réel avec un des appels set*uid(), l’appelant était – et est
              toujours —  au-delà  de   sa   limite   de   ressources   RLIMIT_NPROC   (consultez
              setrlimit(2)). Pour une explication plus précise de cette erreur, consultez NOTES.

       EFAULT pathname ou l'un des pointeurs du vecteur argv ou envp pointe en dehors de l'espace
              d'adressage accessible.

       EINVAL Un exécutable ELF a plusieurs segments PT_INTERP (indique plusieurs interpréteurs).

       EIO    Une erreur d'entrée-sortie s'est produite.

       EISDIR L'interpréteur ELF cité est un répertoire.

       ELIBBAD
              L'interpréteur ELF mentionné n'est pas dans un format connu.

       ELOOP  Trop de liens symboliques rencontrés dans la résolution de pathname ou  du  nom  de
              l'interpréteur de script ou ELF.

       ELOOP  La  limite maximale de niveaux a été atteinte pendant l'interprétation récursive du
              script (voir « scripts interpréteurs » ci-dessus). Avant Linux 3.8 l'erreur générée
              dans ce cas était ENOEXEC.

       EMFILE La limite du nombre de descripteurs de fichiers par processus a été atteinte.

       ENAMETOOLONG
              nom_chemin est trop long.

       ENFILE La  limite  du  nombre  total  de  fichiers  ouverts  pour  le système entier a été
              atteinte.

       ENOENT Aucun fichier pathname ou interpréteur de script ou ELF n'existe.

       ENOEXEC
              Le fichier exécutable n'est pas dans le bon format, ou  est  destiné  à  une  autre
              architecture.

       ENOMEM La mémoire disponible du noyau n'était pas suffisante.

       ENOTDIR
              Un composant du préfixe du chemin de pathname ou de l'interpréteur de script ou ELF
              n'est pas un répertoire.

       EPERM  Le système de fichiers est monté avec l'attribut nosuid, l’utilisateur n’est pas le
              superutilisateur et le fichier a un bit set-user-ID ou set-group-ID positionné.

       EPERM  Le processus est suivi avec ptrace(2), l'utilisateur n'est pas le superutilisateur,
              et le fichier a un bit set-user-ID ou set-group-ID positionné.

       EPERM  Une application « capability-dumb » n'obtiendrait pas toutes les capacités  rendues
              possibles par le fichier exécutable. Voir capabilities(7).

       ETXTBSY
              L'exécutable spécifié était ouvert en écriture par un ou plusieurs processus.

STANDARDS

       POSIX.1-2001, POSIX.1-2008, SVr4, 4.3BSD. POSIX ne documente pas le comportement de « #! »
       mais celui-ci existe (avec quelques variations) sur d'autres systèmes UNIX.

NOTES

       On pourrait parfois voir execve() (et  les  fonctions  associées  décrites  dans  exec(3))
       décrit  comme un « exécuteur de nouveau processus » (ou équivalent). C'est une description
       très trompeuse : il n'y a pas de nouveau processus ;  beaucoup  d'attributs  du  processus
       appelant  demeurent  inchangés  (en particulier son PID). Tout ce que fait execve() est de
       s'organiser pour qu'un processus existant  (le  processus  appelant)  exécute  un  nouveau
       programme.

       Les processus set-user-ID et set-group-ID ne peuvent pas être suivis par ptrace(2).

       Le résultat d'un montage de système de fichiers avec l'attribut nosuid peut varier suivant
       les versions du noyau Linux : certaines refuseront l'exécution des fichiers set-user-ID et
       set-group-ID  lorsque  cela  donnerait  à  l'appelant  des  privilèges  qu'il  n'a pas (et
       renverront l'erreur  EPERM),  d'autres  ignoreront  simplement  les  bits  set-user-ID  et
       set-group-ID mais accepteront d'effectuer l'appel exec().

       Sur  Linux,  argv  et  envp peuvent être indiqués comme NULL. Dans les deux cas, cela a le
       même effet que de spécifier un argument comme un pointeur sur une liste contenant un  seul
       pointeur  NULL.  N'en  profitez pas pour faire des choses non standard et non portables !.
       Sur de nombreux autres systèmes  UNIX,  spécifier  argv  comme  NULL  donnera  une  erreur
       (EFAULT). D'autres systèmes UNIX traitent le cas envp==NULL comme Linux.

       POSIX.1 indique que les valeurs renvoyées par sysconf(3) ne doivent pas changer pendant la
       vie  d'un  processus.  Cependant,  depuis  Linux  2.6.23,  si  la  limite  de   ressources
       RLIMIT_STACK  change,  alors  la  valeur renvoyée par _SC_ARG_MAX changera également, pour
       refléter le fait que la limite de l'espace qui  reçoit  les  paramètres  de  la  ligne  de
       commande et les variables d'environnement a changé.

       Dans  la  plupart  des cas où execve() échoue, le contrôle renvoie vers l’image exécutable
       d’origine et l’appelant de execve()  peut  alors  traiter  l’erreur.  Cependant,  dans  de
       (rares)  cas  (typiquement provoqués par un épuisement de ressources), l’échec pourrait se
       produire après le point de non-retour : l’image exécutable d’origine a été supprimée, mais
       la  nouvelle  image n’a pas pu être construite complètement. Dans ces cas-là, le noyau tue
       le processus avec un signal SIGSEGV (SIGKILL jusqu'à Linux 3.17).

   Scripts d’interpréteur
       Le noyau impose une longueur maximale de texte après les caractères  « #! »  au  début  du
       script ;  les  caractères au-delà de cette limite sont ignorés. Avant Linux 5.1, la limite
       était de 127 caractères. Depuis Linux 5.1, elle est de 255 caractères.

       La sémantique de l'argument-optionnel d'un script diffère selon les implémentations.  Sous
       Linux,  la  chaîne  qui suit le nom de l'interpréteur est passée à l'interpréteur comme un
       seul mot, et cette chaîne peut  contenir  des  espaces.  Cependant,  le  comportement  est
       différent  sur  d'autres  systèmes.  Certains  utilisent  la  première espace comme fin de
       l'argument-optionnel. Sur certains systèmes, un script  peut  avoir  plusieurs  arguments,
       délimités par des espaces dans argument-optionnel.

       Linux  (comme la plupart des autres systèmes UNIX modernes) ignore les bits set-user-ID et
       set-group-ID sur les scripts.

   execve() et EAGAIN
       Une explication plus détaillée de l’erreur EAGAIN qui peut se produire (depuis  Linux 3.1)
       en appelant execve() est comme suit.

       L’erreur  EAGAIN  peut  se  produire quand un appel précédent de setuid(2), setreuid(2) ou
       setresuid(2) a causé la modification de l’identifiant d’utilisateur réel du  processus  et
       que  cette  modification  a  forcé  le  processus  à  dépasser  sa  limite  de  ressources
       RLIMIT_NPROC (c’est-à-dire que le nombre de  processus  appartenant  au  nouvel  UID  réel
       dépasse  la limite de ressources). De Linux 2.6.0 à Linux 3.0, cela provoquait un échec de
       l’appel set*uid() (avant Linux 2.6, la limite de ressources n’était pas  imposée  sur  les
       processus qui modifiaient leurs identifiants d’utilisateur).

       Depuis  Linux 3.1,  le  scénario  précédemment décrit ne provoque plus un échec de l’appel
       set*uid(), parce que cela avait trop souvent pour conséquence des trous de sécurité  quand
       les  applications  boguées  ne  vérifiaient  pas  l’état  de  retour  et assumait que — si
       l’appelant avait les droits du superutilisateur — l’appel réussirait toujours. À la place,
       les  appels  set*uid()  modifient  vraiment  l’UID réel, mais le noyau définit un attribut
       interne, appelé PF_NPROC_EXCEEDED, pour noter que la limite de ressources  RLIMIT_NPROC  a
       été  dépassée.  Si  l’attribut PF_NPROC_EXCEEDED est défini et que la limite de ressources
       est toujours dépassée au moment d’un appel  execve()  ultérieur,  cet  appel  échoue  avec
       l’erreur  EAGAIN.  Cette  logique du noyau assure que la limite de ressources RLIMIT_NPROC
       est toujours respectée pour le mode  de  fonctionnement  habituel  du  démon  avec  droits
       — c’est-à-dire fork(2) + set*uid() + execve().

       Si  la  limite  de  ressources  n’était  pas encore dépassée au moment de l’appel execve()
       (parce que d’autres processus appartenant à cet UID réel se sont  terminés  entre  l’appel
       set*uid()  et  l’appel  execve()),  alors  l’appel  execve()  réussit  et  le noyau efface
       l’attribut de processus  PF_NPROC_EXCEEDED.  L’attribut  est  aussi  effacé  si  un  appel
       ultérieur de fork(2) par ce processus réussit.

   Historique
       Avec  UNIX V6,  la  liste des arguments d'un appel exec() se terminait par 0, alors que la
       liste des arguments de main se terminait par -1. Aussi, cette  liste  d'arguments  n'était
       pas  utilisable  directement dans un appel exec() supplémentaire. Depuis UNIX V7, les deux
       terminateurs sont NULL.

EXEMPLES

       Le programme suivant est conçu pour être exécuté par le second programme ci‐dessous. Il se
       contente d'afficher les paramètres de sa ligne de commande, un par ligne.

           /* myecho.c */

           #include <stdio.h>
           #include <stdlib.h>

           int
           main(int argc, char *argv[])
           {
               for (size_t j = 0; j < argc; j++)
                   printf("argv[%zu]: %s\n", j, argv[j]);

               exit(EXIT_SUCCESS);
           }

       Ce programme peut être utilisé pour exécuter le programme donné comme argument de ligne de
       commande :

           /* execve.c */

           #include <stdio.h>
           #include <stdlib.h>
           #include <unistd.h>

           int
           main(int argc, char *argv[])
           {
               static char *newargv[] = { NULL, "hello", "world", NULL };
               static char *newenviron[] = { NULL };

               if (argc != 2) {
                   fprintf(stderr, "Utilisation : %s <fichier_à_exécuter>\n", argv[0]);
                   exit(EXIT_FAILURE);
               }

               newargv[0] = argv[1];

               execve(argv[1], newargv, newenviron);
               perror("execve");   /* execve() ne renvoie qu'en cas d'erreur */
               exit(EXIT_FAILURE);
           }

       On peut utiliser le second programme pour exécuter le premier de la façon suivante :

           $ cc myecho.c -o myecho
           $ cc execve.c -o execve
           $ ./execve ./myecho
           argv[0]: ./myecho
           argv[1]: hello
           argv[2]: world

       On peut aussi utiliser ces programmes pour  montrer  l'utilisation  d'un  interpréteur  de
       scripts.  Pour  ce  faire,  on  crée un script dont l'« interpréteur » est notre programme
       myecho :

           $ cat > script
           #!./myecho script-arg
           ^D
           $ chmod +x script

       On peut alors utiliser notre programme pour exécuter le script :

           $ ./execve ./script
           argv[0]: ./myecho
           argv[1]: script-arg
           argv[2]: ./script
           argv[3]: hello
           argv[4]: world

VOIR AUSSI

       chmod(2),  execveat(2),  fork(2),  get_robust_list(2),  ptrace(2),  exec(3),   fexecve(3),
       getauxval(3),   getopt(3),   system(3),   capabilities(7),   credentials(7),   environ(7),
       path_resolution(7), ld.so(8)

TRADUCTION

       La traduction française de cette  page  de  manuel  a  été  créée  par  Christophe  Blaess
       <https://www.blaess.fr/christophe/>,  Stéphan  Rafin  <stephan.rafin@laposte.net>, Thierry
       Vignaud <tvignaud@mandriva.com>, François Micaux, Alain  Portal  <aportal@univ-montp2.fr>,
       Jean-Philippe    Guérard   <fevrier@tigreraye.org>,   Jean-Luc   Coulon   (f5ibh)   <jean-
       luc.coulon@wanadoo.fr>,   Julien    Cristau    <jcristau@debian.org>,    Thomas    Huriaux
       <thomas.huriaux@gmail.com>, Nicolas François <nicolas.francois@centraliens.net>, Florentin
       Duneau <fduneau@gmail.com>, Simon Paillard <simon.paillard@resel.enst-bretagne.fr>,  Denis
       Barbier  <barbier@debian.org>,  David  Prévot <david@tilapin.org> et Jean-Philippe MENGUAL
       <jpmengual@debian.org>

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