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NOM

       mprotect, pkey_mprotect - Définir la protection d'une partie de la mémoire

BIBLIOTHÈQUE

       Bibliothèque C standard (libc, -lc)

SYNOPSIS

       #include <sys/mman.h>

       int mprotect(void addr[.len], size_t len, int prot);

       #define _GNU_SOURCE             /* Consultez feature_test_macros(7) */
       #include <sys/mman.h>

       int pkey_mprotect(void addr[.len], size_t len, int prot, int pkey);

DESCRIPTION

       mprotect()  change  les  protections d'accès pour la (les) page(s) de mémoire du processus
       appelant contenant tout ou une partie de l'intervalle [addr, addr+len-1]. addr  doit  être
       aligné sur une limite de page.

       Si  le processus appelant essaie d'accéder à la mémoire en violant la protection, le noyau
       génère un signal SIGSEGV pour ce processus.

       prot est une combinaison des attributs d'accès suivants : PROT_NONE ou le  résultat  d’une
       opération OU bit à bit parmi les autres valeurs de la liste suivante :

       PROT_NONE
              On ne peut pas accéder du tout à la zone de mémoire.

       PROT_READ
              On peut lire la zone de mémoire.

       PROT_WRITE
              On peut modifier la zone de mémoire.

       PROT_EXEC
              La zone de mémoire peut contenir du code exécutable.

       PROT_SEM (depuis Linux 2.5.7)
              La  mémoire  peut  être  utilisée pour des opérations atomiques. Cet attribut a été
              introduit dans l'implémentation  de  futex(2)  (afin  de  garantir  la  possibilité
              d'effectuer  des  opérations atomiques exigées par des commandes comme FUTEX_WAIT),
              mais il n'est actuellement utilisé sur aucune architecture.

       PROT_SAO (depuis Linux 2.6.26)
              La mémoire devrait avoir une forte organisation de son accès. Cette  fonctionnalité
              est  spécifique  à  l'architecture  PowerPC (la version 2.06 de la spécification de
              l'architecture ajoute la fonction SAO du processeur,  disponible  par  exemple  sur
              POWER 7 ou PowerPC A2).

       En  outre  (depuis Linux 2.6.0), il est possible de positionner les attributs suivants sur
       prot :

       PROT_GROWSUP
              Appliquer le mode de protection jusqu'à la fin d'une projection qui grandit vers le
              haut  (de  telles  projections  sont  créées  pour  la  zone  de  la  pile  sur une
              architecture — par exemple HP-PARISC — dont la pile a tendance à  s'accroître  vers
              le haut).

       PROT_GROWSDOWN
              Appliquer  le  mode  de  protection vers le bas jusqu'au début d'une projection qui
              grandit vers le bas (il pourrait s'agir  d'un  segment  de  pile  ou  d'un  segment
              projeté avec un drapeau MAP_GROWSDOWN positionné).

       Comme  mprotect(),  pkey_mprotect()  modifie la protection des pages indiquées par addr et
       len. Le paramètre pkey indique la clé de protection  (voir  pkeys(7)))  à  assigner  à  la
       mémoire.  La  clé de protection doit être allouée avec pkey_alloc(2) avant d'être passée à
       pkey_mprotect(). Pour un exemple d'utilisation de cet appel système, voir pkeys(7).

VALEUR RENVOYÉE

       mprotect() et pkey_mprotect() renvoient 0 s'ils réussissent. En cas d'erreur,  ces  appels
       système renvoient -1 et errno est défini pour indiquer l'erreur.

ERREURS

       EACCES L'accès  spécifié  n'est  pas  possible sur ce type de mémoire. Cela se produit par
              exemple si vous utilisez mmap(2) pour représenter un fichier en  lecture  seule  en
              mémoire, et puis demandez de marquer cette zone avec PROT_WRITE.

       EINVAL addr  n'est  pas  un  pointeur valable, ou ce n'est pas un multiple de la taille de
              page du système.

       EINVAL (pkey_mprotect()) pkey n'a pas été alloué avec pkey_alloc(2)

       EINVAL PROT_GROWSUP et PROT_GROWSDOWN étaient indiqués tous les deux dans prot.

       EINVAL Drapeaux non valables indiqués dans prot.

       EINVAL (Architecture PowerPC) PROT_SAO était indiqué dans  prot,  mais  la  fonctionnalité
              matérielle SAO n'est pas disponible.

       ENOMEM Impossible d'allouer des structures internes au noyau.

       ENOMEM Les  adresses  dans  l'intervalle  [addr,  addr+len-1]  ne  sont  pas valables dans
              l'espace d'adressage du processus,  ou  l'intervalle  s'étend  sur  des  pages  non
              projetées (avant Linux 2.4.19, l'erreur EFAULT était produite à tort dans ce cas).

       ENOMEM La modification de la protection d'une zone de la mémoire ferait dépasser le nombre
              maximal autorisé de projections avec des attributs différents (comme la  protection
              en  lecture  vs  lecture/écriture)  (par  exemple, positionner une protection d'une
              plage PROT_READ au milieu d'une zone protégée  par  PROT_READ|PROT_WRITE  donnerait
              trois projections : deux en lecture/écriture aux extrémités et une en lecture seule
              au milieu).

VERSIONS

       POSIX indique que le comportement de mprotect() n'est pas spécifié s'il s'applique  à  une
       zone de mémoire non obtenue à l'aide de mmap(2).

       Sous  Linux,  il  est  toujours  autorisé d'appeler mprotect() sur une adresse de l'espace
       d'adressage du processus (excepté pour la zone vsyscall du noyau). En particulier, il peut
       être utilisé pour rendre une projection de code existante accessible en écriture.

       La  différence  entre  PROT_EXEC  et  PROT_READ dépend de l'architecture, de la version du
       noyau et de l'état du processus. Sur certaines, si READ_IMPLIES_EXEC est  positionné  dans
       les  drapeaux  de la personnalité d'un processus (voir personality(2)), le fait d'indiquer
       PROT_READ ajoutera implicitement PROT_EXEC.

       Sur certaines architectures matérielles (comme i386), PROT_WRITE implique PROT_READ.

       POSIX.1 indique qu'une implémentation peut autoriser un accès autre que celui  donné  dans
       prot,  mais doit au minimum autoriser l'accès en écriture si PROT_WRITE était passé, et ne
       doit autoriser aucun accès si PROT_NONE était passé.

       Les  applications  devraient  faire  attention  quand  elles  mélangent  l'utilisation  de
       mprotect()  et  de  pkey_mprotect().  Sur  x86,  quand  mprotect()  est  utilisé avec prot
       positionné sur PROT_EXEC, une pkey peut être allouée et positionnée implicitement  sur  la
       mémoire par le noyau, mais uniquement quand la pkey était de 0 précédemment.

       Sur   les   systèmes  qui  ne  gèrent  pas  les  clés  de  protection  dans  le  matériel,
       pkey_mprotect() peut toujours être utilisé, mais pkey doit être positionné sur -1. Si elle
       est appelée ainsi, l'opération pkey_mprotect() est équivalente à mprotect().

STANDARDS

       mproject()
              POSIX.1-2008.

       pkey_mprotect()
              Linux.

HISTORIQUE

       mproject()
              POSIX.1-2001, SVr4.

       pkey_mprotect()
              Linux 4.9, glibc 2.27.

NOTES

EXEMPLES

       Le  programme  ci-dessous  montre  l'utilisation  de mprotect(). Il alloue quatre pages de
       mémoire, rend la troisième accessible en lecture seule, puis exécute  une  boucle  qui  se
       déplace en avançant dans la région allouée et en modifiant son contenu.

       Voici un exemple d'exécution de ce programme :

           $ ./a.out
           Début de la région :       0x804c000
           Reçu SIGSEGV à l'adresse : 0x804e000

   Source du programme

       #include <malloc.h>
       #include <signal.h>
       #include <stdio.h>
       #include <stdlib.h>
       #include <sys/mman.h>
       #include <unistd.h>

       #define handle_error(msg) \
           do { perror(msg); exit(EXIT_FAILURE); } while (0)

       static char *buffer;

       static void
       handler(int sig, siginfo_t *si, void *unused)
       {
           /* Remarque : appeler printf() à partir d'un gestionnaire de signal
              n'est pas sûr (vous ne devriez pas le faire dans des programmes en
              production) car printf() n'est pas async-signal-safe ; voir
              signal-safety(7). Cependant, nous utilisons printf() ici comme
              façon simple de montrer que le gestionnaire a été appelé. */

           printf("Reçu SIGSEGV à l'adresse : %p\n", si->si_addr);
           exit(EXIT_FAILURE);
       }

       int
       main(void)
       {
           int               pagesize;
           struct sigaction  sa;

           sa.sa_flags = SA_SIGINFO;
           sigemptyset(&sa.sa_mask);
           sa.sa_sigaction = handler;
           if (sigaction(SIGSEGV, &sa, NULL) == -1)
               handle_error("sigaction");

           pagesize = sysconf(_SC_PAGE_SIZE);
           if (pagesize == -1)
               handle_error("sysconf");

           /* Allouer un tampon aligné sur une limite de page ;
              la protection initiale est PROT_READ | PROT_WRITE. */

           buffer = memalign(pagesize, 4 * pagesize);
           if (buffer == NULL)
               handle_error("memalign");

           printf("Début de la région :        %p\n", buffer);

           if (mprotect(buffer + pagesize * 2, pagesize,
                        PROT_READ) == -1)
               handle_error("mprotect");

           for (char *p = buffer ; ; )
               *(p++) = 'a';

           printf("Boucle terminée\n");     /* Ne devrait jamais arriver */
           exit(EXIT_SUCCESS);
       }

VOIR AUSSI

       mmap(2), sysconf(3), pkeys(7)

TRADUCTION

       La  traduction  française  de  cette  page  de  manuel  a  été créée par Christophe Blaess
       <https://www.blaess.fr/christophe/>, Stéphan  Rafin  <stephan.rafin@laposte.net>,  Thierry
       Vignaud  <tvignaud@mandriva.com>,  François Micaux, Alain Portal <aportal@univ-montp2.fr>,
       Jean-Philippe   Guérard   <fevrier@tigreraye.org>,   Jean-Luc   Coulon   (f5ibh)    <jean-
       luc.coulon@wanadoo.fr>,    Julien    Cristau    <jcristau@debian.org>,    Thomas   Huriaux
       <thomas.huriaux@gmail.com>, Nicolas François <nicolas.francois@centraliens.net>, Florentin
       Duneau  <fduneau@gmail.com>, Simon Paillard <simon.paillard@resel.enst-bretagne.fr>, Denis
       Barbier <barbier@debian.org>, David Prévot <david@tilapin.org>  et  Jean-Philippe  MENGUAL
       <jpmengual@debian.org>

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